Aujourd’hui c’est encore une interview. Mais pour une fois c’est moi qui pose les questions…
Nous recevons Pascal Gicquiau, mon co-blogueur et l’un de nos experts du secteur du BTP qui a piloté la réalisation de notre offre dédiée à ce secteur. Nous parlerons codification, clients, gestion de projets…. En somme, l’approche métier chez un éditeur de logiciel !
Damien – Tu as participé à la définition de l’offre dédiée à l’AEC?
Pascal –Oui, en effet. Au travers des différents projets que nous pilotions, nous nous sommes rapidement rendu compte qu’il y avait de nombreux points communs. On a alors décidé de lancer un travail d’analyse dans lequel j’ai eu la responsabilité de l’offre Ingénierie de la Construction. Mon rôle était de définir cette offre et de la packager.
Il y a quelques années, avec le nombre croissant de grands projets de BTP que nous avons signés, j’ai sauté du côté Directeur de projets pour accompagner nos clients dans le déploiement de nos applications. Une fois l’application définie, il fallait bien la mettre en pratique !
Damien – Et bien, c’est vraiment un parcours complet où tu as pu goûter aux différentes facettes du métier. Alors concrètement, ton rôle commence dès le lancement du projet ?
Pascal – Avant le lancement du projet même ! En effet, il faut accompagner les clients dans la structuration de leurs données. Il ne s’agit pas de faire que du stockage des documents… Dans les projets de BTP, la codification est par exemple un élément essentiel.
En plus des éléments classiques (zone, format, type…), une codification efficace prend aussi en compte les phases du projet pour différencier les plans de la phase étude, construction et exploitation (APD, EXE…). Il faut aussi aider le client pour le découpage en zones de l’infrastructure qui a une incidence directe sur la codification et la structure du référentiel projet. De très nombreux critères rentrent en compte et on sort d’une vision purement informatique pour toucher directement au métier.
Damien – Et une fois le projet lancé, je suppose que ton rôle évolue ?
Pascal – Pendant le projet, on retrouve bien surtout le travail du Directeur de projets : suivi du planning et des tests, assurer les délais, la réponse aux besoins client et la disponibilité des documents de support… et bien sûr garantir que le projet ne dérape pas financièrement.
Mais ce qui est vraiment intéressant c’est l’accompagnement des clients après la mise en place. Il faut avant tout être à l’écoute des utilisateurs pour avoir un retour direct du terrain. Il s’agit aussi de recueillir les demandes et d’étudier comment y répondre. L’application répond en standard à une grande majorité des besoins et il s’agit donc souvent
d’orienter les utilisateurs vers une méthode déjà existante. Dans certains cas cela donne lieu à des évolutions qui sont autant que possible capitalisées dans l’offre standard afin d’éviter les développements spécifiques, couteux pour le client.
Damien – On voit que c’est un sujet qui te tient à cœur. Peux-tu donner des exemples de projets auxquels tu as participés ?
Pascal – Bien sûr. Difficile de faire une liste exhaustive comme nous travaillons de manière collaborative, mais je vais donner quelques noms représentatifs : l’hôpital Sainte Anne de Toulon, la Mairie de Toulouse, La Mairie de Paris, la Cité des Sciences, ABB, le tramway de Dijon, la Direction Centrale du Service d’Infrastructure de la Défense, Société Générale, Iter France, Setec TPI, Vinci Construction Grands Projets, la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Bretagne Pays de Loire avec Eiffage et la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Tours Bordeaux avec Cosea…
Damien – Ce sont de belles références ! Les besoins rencontrés et les applications sont-ils très proches sur ces différents projets ?
Pascal – Sur les premiers projets il s’agissait principalement de garantir la gestion des données techniques et du projet pendant 3 à 5 ans, c’est-à-dire la durée de la construction. En fin de projet, on générait le DOE (Dossier des Ouvrages Exécutés) et on remettait les clés au client qui récupérait ou non l’application. Par contre sur les projets de ces dernières années, on ne se focalise plus uniquement sur la construction mais aussi sur l’exploitation et donc la concession de l’infrastructure. Sur les grands projets, on va donc avoir une vision « ouvrage » pour mieux structurer les données par équipement. Sur une ligne de LGV il faut par exemple pouvoir lier les documents aux ponts, aux tunnels, aux voies et cela toujours selon les phases… Et quand on parle de lien ce n’est pas qu’un dossier mais bien une gestion en configuration des ouvrages et des informations, plus efficace et qui évite toute duplication du contenu. C’est l’ « intelligence PLM » qui nous permet d’apporter ces fonctions en standard.
Damien – Cela va certainement apporter beaucoup d’informations aux lecteurs… Pour ma part cela m’a permis de mieux comprendre ce que nous entendons par « expert métier ». As-tu un petit mot de conclusion?
Pascal – Pour qu’un projet se passe dans les meilleures conditions, il ne faut pas arriver en se positionnant comme le directeur de projets « informatique » qui sait tout. Notre rôle c’est avant tout de transformer les besoins du client en solutions au travers de notre application logicielle et pour cela il faut être à l’écoute et pouvoir « parler métier » !