Depuis plus d’une décennie, les politiques d’accès à la propriété, la rénovation du parc immobilier ou la crise du logement dans certaines villes ont particulièrement stimulé le marché de la construction. Celui-ci génère aujourd’hui un chiffre d’affaires de 150 milliards d’euros pour la France. Entre tradition et modernité, ce secteur se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Digitaliser ou périr, telle est la question!
Si les professions traditionnelles du Bâtiment et Travaux Publics étaient auparavant réticentes à toute transformation digitale, elles sont désormais entrées de plein pied dans l’ère numérique. Il n’est plus rare de voir, sur les chantiers de construction, des professionnels équipés de tablettes, de smartphone et d’ordinateurs portables pour mener à bien leurs projets. Cela étant dit, les professionnels de la construction tirent-ils véritablement profit de tout le potentiel technologique ?
1. Incidences de la transformation numérique dans la construction
Les projets du BTP ou de la construction peuvent réunir plus de 30 corps de métiers, lesquels doivent se déployer selon un rythme précis, tel un ballet bien réglé. La dématérialisation dans tous les niveaux de la société a également impacté le domaine du BTP ou de la construction. Permis de construire et autorisations d’urbanisme en ligne, devis sous forme numérique, données recueillies par les experts géomètres, plans des architectes, communications électroniques entre les différents intervenants, outils connectés, réglementations, contrats, on assiste à une multiplication de données et de leurs sources. Il faut dès lors savoir en tirer la substantifique moelle pour gagner en efficacité.
2. Le BIM : pilier de la transformation digitale
BIM est l’acronyme de “ Building Information Modeling “, que l’on traduit par modélisation de l’information du bâtiment. Il s’agit avant tout d’un processus permettant d’associer différents intervenants autour d’un projet collectif. Il sert notamment à définir les périodes de début et de fin de chaque intervention ou encore les responsabilités de chacun. Il est modélisé sous la forme d’une maquette numérique 3D contenant divers objets, lesquels sont porteurs de données caractéristiques, imprimant une véritable intelligence à ce qui ressemble à un « avatar numérique ». Toutefois, certains experts estiment que le BIM n’est utilisé qu’à 20% de son potentiel. En effet, ce processus n’est perçu que comme un outil de conception, alors qu’il doit s’inscrire dans toute la durée de vie de la construction. C’est pourquoi, il conviendrait de structurer les données, afin de les rendre exploitable par tous les intervenants et pas seulement par la maîtrise d’œuvre. Plus qu’une juxtaposition d’informations à modéliser de façon tridimensionnelle, les données doivent permettre de disposer d’une vision stratégique, d’indicateurs clés de performance permettant une prise de décision aboutie.
3. Délivrer le potentiel de modélisation de l’information du bâtiment
Seule une vision stratégique et une vraie conduite du changement permettra aux secteurs de la construction et du BTP de relever les défis actuels, en matière d’environnement, de technologie ou d’urbanisme par exemple. Bâtir c’est prévoir à long terme. La construction de la cité radieuse à Marseille en 1952 par le célèbre architecte Le Corbusier aurait-elle été conçue de la même manière avec un processus digital optimisé ? Sans doute que la collaboration de tous les acteurs, l’accès commun à l’ensemble des informations, l’interconnexion de toutes les applications auraient favorisé un regard plus lointain que la ligne d’horizon.
Il y a donc un sérieux enjeu de transversalité de l’information à mettre en œuvre au sein de la modélisation de l’information du bâtiment pour délivrer son plein potentiel. Modéliser n’est pas une fin en soi. C’est un moyen qui doit être mis à la portée de tous les acteurs, en même temps que l’interconnexion de l’ensemble des applications métiers. C’est à cette condition que la construction deviendra un parangon d’intelligence. Le futur s’écrit au présent. Demain, le bâtiment en réalité augmentée via des casques de réalité virtuelle, l’impression 3D avec du béton à l’aide de bras robotiques articulés, les outils interconnectés comprenant des indicateurs de performance. Tout ceci n’est pas de la science-fiction, mais bel et bien le résultat d’innovations existantes. Anticiper sur ces bouleversements à venir, c’est s’assurer un avantage compétitif dans un secteur concurrentiel et la réussite dans ses projets. En somme, la survie économique est fille de la transformation digitale.