Selon l’ONU, nous serons bientôt 2,5 milliards de personnes de plus à loger dans les villes d’ici 2050. Il va falloir faire face à une demande très forte de logements à bas coûts et de bonne qualité. Les besoins en termes d’infrastructures vont également continuer à croître rapidement. L’amélioration de la productivité de la construction et de la rénovation est donc centrale pour les années à venir et de nombreuses études montrent que la digitalisation des opérations sur site est de très loin l’approche la plus prometteuse pour répondre à ce défi. Nous sommes donc au cœur d’une mutation majeure ! Le sujet du jour porte sur la digitalisation du secteur de la construction.

 

Le contexte est favorable à la digitalisation de la construction

Des cadres juridiques favorables

Le digital représente en effet une excellente opportunité permettant de réduire l’empreinte environnementale des projets de construction. Les exigences vont également croissant en matière d’utilisation des données et de cyber-sécurité dans les bâtiments et les infrastructures, qui devront faire l’objet d’une analyse approfondie en vertu du règlement général sur la protection des données (RGPD).

Lancement de grands projets d’infrastructures

Les besoins du marché sont gigantesques en termes d’infrastructures, notamment. Les structures partiellement anciennes doivent être modernisées, et de nouveaux réseaux doivent être développés, tels que les 200 kms de nouvelles lignes automatisées du Grand Paris Express en France, le High Speed 2 au Royaume-Uni et le tunnel du Rastatt en Allemagne, par exemple.

L’évolution des attentes des clients

Ces derniers sont influencés par d’autres marchés en mutation rapide, principalement dans le B2C, où des plateformes déclenchent de nouvelles relations clients-fournisseurs, où les produits évoluent vers le « sur-mesure » et les niveaux de service deviennent extrêmement élevés et flexibles.

Les constructions doivent être de plus en plus personnalisées, modulaires, connectées à l’Internet des objets. Elles doivent permettre de suivre des indicateurs de performance et d’optimiser des paramètres tels que l’énergie, la sécurité ou encore des critères liés à la santé des occupants utilisateurs. Les exigences des clients augmentent rapidement et se complexifient. Leurs attentes portent de plus en plus sur un usage, et non sur le produit lui-même.

De nouvelles capacités technologiques

Capteurs, équipements et logiciels ont vu leur coût fortement chuter et leur efficacité augmenter au cours des dernières années, ouvrant la voie à de nouvelles possibilités. Réalité virtuelle et augmentée, drones,  impression 3D, robotique, assistant intelligent chatbot (en savoir plus sur le lien)… les technologies disponibles sur le marché n’ont jamais été aussi nombreuses. Cela élargit le champs des possibles et cela multiplie aussi le volume de données à exploiter et à valoriser !

Nouvelle génération d’artisans et de professionnels

Le savoir-faire technologique se répand plus rapidement parmi les professions traditionnelles du secteur de la construction, historiquement plutôt résistantes au changement, ce qui accélère l’adoption des outils digitaux. Des programmes d’études universitaires novateurs forment par ailleurs les jeunes générations à des emplois liés aux technologies émergentes.

Un environnement entrepreneurial en plein essor

Les start-ups profitent des opportunités de marché ouvertes par les tendances ci-dessus et se multiplient.

Tous les acteurs de l’industrie ; promoteurs, sociétés d’ingénierie, constructeurs, fournisseurs ou distributeurs d’équipements et de matériaux  seront inciter à digitaliser leur fonction. L’impact et les priorités seront bien sûr différents pour chacun d’entre eux, mais pour tous il ne fait aucun doute que le changement sera majeur.

 

La digitalisation de la construction : 5 principes clés pour réussir sa transformation digitale

La récente étude « La digitalisation du secteur de la construction : la révolution est en marche » du cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman, alerte sur la nécessaire mise en place de véritables stratégies digitales pour les acteurs du secteur de la construction. Oliver Wyman détaille 5 principes clés pour permettre aux acteurs de la construction de réussir leur transformation digitale :

  1. Recenser les enjeux de digitalisation et évaluer leur véritable niveau de maturité actuel, en termes de visions et d’indicateurs de performance, de compétences des collaborateurs, des processus clés, de modernité des outils et moyens technologiques, d’expérience client, d’offres en comparaison à la concurrence.
  2. Considérer le BIM (Building Information Modeling) comme l’épine dorsale de la stratégie digitale, en particulier sa dimension 5D intégrant la planification et le budget qui devrait générer un potentiel d’amélioration significatif sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la construction, c’est-à-dire en termes de coûts, qualité, délais, sécurité : de la conception à la destruction. Tout en restant une priorité, l’accent mis sur le BIM peut varier d’un acteur de la construction à l’autre en fonction de la position de chacun sur la chaîne de valeur. Même au sein du monde des constructeurs, les acteurs principalement liés au bâtiment adopteront des approches différentes du BIM en comparaison de ceux travaillant en majeure partie sur les infrastructures. Les constructeurs généralistes en attendront principalement un système plus efficace et des délais de réalisation des projets plus réduits.
  3. Travailler sur 2 catégories de leviers digitaux d’efficacité opérationnelle pour les constructeurs : les processus de travail interactifs (collaboratifs), les machines et équipements connectés.
  4. Approfondir les opportunités digitales ayant un impact sur le chiffre d’affaires, en améliorant l’expérience client et en imaginant des offres innovantes.
  5. Réinventer les méthodes de travail, en faisant évoluer la culture d’entreprise avec une implication forte de l’équipe dirigeante, en créant une fonction digitale centrale pour assumer la responsabilité opérationnelle de la digitalisation et symboliser le changement, en impliquant les collaborateurs et les positionnant au cœur du changement.

 

Digitalisation de la construction en plusieurs étapes : de la digitalisation des documents à celle des tâches, il n’y a qu’un pas !

La construction est assurément déjà entrée dans l’ère numérique grâce à l’utilisation de logiciels de conception BIM. Toutefois, cette industrie reste encore bien loin de là où elle pourrait être. Au cours des 10 dernières années, nous avons assisté à une véritable mutation. Les architectes se sont non seulement mis à utiliser des logiciels pour rédiger, simuler et modéliser en 3D, mais ils ont également changé de regard ; ils ont intégré la digitalisation dès la conception de leur projet. Les chefs de chantier sont équipés pour leur part de tablettes mais, l’accès aux données est parfois encore cloisonné et la collaboration limitée.

Il faut mettre en place un nouveau cadre numérique pour toutes les étapes de travail. Que ce soit hors site ou sur site. Ce nouveau cadre devra regrouper les différents systèmes, les métiers et les entreprises, le tout dans un environnement cohérent. C’est la base nécessaire à la mise en œuvre à grande échelle des nouvelles technologies de production. L’Environnement de Données Commun ou EDC est une des solutions au cœur de cet enjeu.

 

Digitalisation de la construction : la relation entre maîtres d’ouvrage et entreprises de construction est une des clés

Une confiance à renforcer entre maîtres d’ouvrage et entreprises de construction…

Selon les études du cabinet Oliver Wyman, les maîtres d’ouvrage souhaiteraient avoir des liens plus forts avec les entreprises de construction qu’ils choisissent pour conduire leurs projets majeurs. 82 % d’entre eux aimeraient renforcer le niveau de leur collaboration avec ces derniers, d’ici 5 ans. En effet, aujourd’hui, seuls 32 % des maîtres d’ouvrage déclarent que leur degré de confiance à l’égard des entreprises de construction est grand (59 % le présente comme modéré et 9 % comme faible).

Par ailleurs, selon 69 % des donneurs d’ordre, les dérives parfois rencontrées dans la conduite de leurs projets s’expliquent principalement par le manque d’efficacité des entreprises et manque de communication entre les intervenants.

.. qui pourrait être améliorée par une conduite de projet digitalisée

La digitalisation de la gestion de projet est en phase d’expansion : 50 % des maîtres d’ouvrage déclarent utiliser les systèmes d’information en gestion de projet (PMIS : project management informations systems).

En parallèle, parmi ceux n’utilisant pas les PMIS, 41 % prévoient une intégration d’ici deux ans. Globalement, les maîtres d’ouvrage sont conscients que la digitalisation des processus de gestion de projet et de production, induira une réduction des coûts et une meilleure interaction entre les parties prenantes : le maître d’ouvrage, l’entreprise de construction, l’architecte, et les sous-traitants.

 

Digitalisation de la construction : l’étude « terrain » révèle la prise de conscience des dérives sur les projets

L’étude “Global construction project owner’s survey 2015” a été réalisée sur la base d’entretiens menés auprès de 109 maîtres d’ouvrage internationaux : 38 % interviennent dans la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, 56 % dans la zone Amériques, 52 % dans la zone Asie-Pacifique. 36 % des donneurs d’ordre interrogés réalisent plus de 5 milliards de dollars US de chiffre d’affaires, 29 % entre 1 et 5 milliards et 35 % moins d’un milliard.

Bien que confiants dans leurs systèmes de contrôle, les maîtres d’ouvrage identifient des dérives sur leurs projets. Sans surprise, les maîtres d’ouvrage préparent avec minutie leurs projets. 84 % d’entre eux mènent à la fois une analyse financière et une analyse des risques avant de sélectionner les projets qu’ils conduiront. Dans le même temps, ils sont confiants quant à la manière dont ils gèrent les risques : 64 % des maitres d’ouvrage interrogés déclarent que leurs systèmes de contrôle sont optimisés et surveillés. Toutefois, les maîtres d’ouvrage ont conscience des difficultés existantes. En effet, sur l’année écoulée, seuls 31 % de leurs projets respectent le budget prévu et 25 % seulement sont livrés dans les délais impartis.

Contributeur à hauteur de 14,5 % du PIB mondial en 2030 (contre 12,4 % en 2014), le BTP constitue indéniablement un secteur clé de l’économie mondiale. Toutefois, un constat s’impose : il tarde à se numériser et n’a pas enclenché de transition digitale majeure. Les nouvelles technologies peuvent pourtant répondre efficacement aux défis des entreprises de construction.

Il est important de finir en soulignant que ta transformation digitale représente avant tout un gisement d’opportunités en termes de rentabilité, d’expérience client et de différenciation. Le positionnement et les valorisations des acteurs du marché pourraient être profondément impactés si les leaders d’aujourd’hui ne saisissent pas la balle au bond. L’avenir du secteur du bâtiment passe par sa digitalisation !